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Épisode 39 : Loris et l’Artivisme

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Je suis très heureuse d’accueillir Loris Petrini pour parler de son mémoire de Master 2 en sciences politiques – relations internationales « Dancing for an Ecological Revolution Artivism in the Paris and London Environmental Scenes».

Mon invitée a réalisé ce travail sous la direction du Joost DE MOOR, Assistant Professeur Sciences Po Paris.

Loris est actuellement doctorant au sein du Department of Environmental Sciences and Policy à la Central European University de Vienne en Autriche.


Résumé

Danser est une révolution : Artivisme sur les scènes militantes de Paris et Londres

 » Mon mémoire a été conçu comme un voyage à la découverte des capacités imaginatives que véhiculent les pratiques artistiques au sein des cercles activistes écologistes. Il introduit la paralysie politique contemporaine face aux ruptures environnementales comme une crise de l’imagination et considère la formulation de nouveaux imaginaires comme une tâche centrale menée en priorité par les mouvements sociaux. J’affirme que les pratiques artistiques peuvent être, pour ces mouvements, un outil de rupture vis-à-vis des obstacles qui empêchent actuellement la mise en œuvre d’un programme environnemental ambitieux. Pourtant, bien que l’art soit reconnu comme un outil clé permettant aux activistes de peser dans le débat écologique, son potentiel stratégique continue d’être sous-estimé dans les analyses actuelles des mouvements sociaux.

Pour résoudre cette tension, je propose un cadre conceptuel qui relie le rôle de l’art dans les révoltes populaires avec la littérature sur les imaginaires écologiques. Cette démarche me permet d’abord d’explorer l’imagination dans les mouvements sociaux au prisme de l’artivisme, un terme qui se réfère aux pratiques artistiques à vocation explicitement militante. Dans un second temps, je me penche sur la façon dont ces imaginaires radicaux se concrétisent via différentes pratiques artistiques, afin de mieux saisir comment la puissance de l’art façonne la trajectoire stratégique de l’activisme environnemental.

Pour ce faire, le mémoire repose sur une approche ethnographique et comparative qui combine observation participante et entretiens. J’examine en particulier les interactions entre différents groupes activistes et collectifs artistiques qui irriguent les scènes activistes de Paris et Londres.

La contribution de ce travail est double. Premièrement, les résultats obtenus révèlent que les caractéristiques uniques de l’artivisme, non seulement façonnent le contexte idéologique sur lequel s’appuient mouvements sociaux, mais fonctionnent également comme une force créative sur laquelle les activistes s’appuient afin d’élaborer, de diffuser et de connecter différents imaginaires politiques. Par conséquent, ma recherche enrichit les analyses existantes de l’intersection entre art et imagination en soulignant la faculté unique dont disposent les pratiques artistiques pour donner naissance à un nouveau futur écologique, aussi bien au sein qu’au-delà des scènes militantes.

Deuxièmement, le mémoire étend les réflexions actuelles sur le rôle des pratiques préfiguratives pour expliquer comment les mouvements environnementaux transforment ces imaginaires en actes de résistance concrets. L’artivisme peut être vu comme une force préfigurative permettant à la fois d’exprimer le désir d’un futur radicalement différent et de répondre aux urgences qui contraignent la sphère militante. En effet, la pratique artistique permet d’ancrer ces imaginaires dans des expériences utopiques tangibles et pratiques : autour de l’art se forment, dans le présent, des structures sociales alternatives. Enfin, la créativité artistique joue un rôle dans l’extension de ces expériences utopiques à l’extérieur des organisations activistes, car elle sert de point de départ pour tisser des imaginaires à la fois ancrés dans leurs contextes locaux et connectés au-delà des frontières nationales.

Cependant, j’insiste sur l’équilibre précaire entre projection future et priorités immédiate qui régit ces formes préfiguratives. Ainsi, les pratiques artistiques peuvent aisément entraîner un repli de l’activisme sur lui-même, ou inciter les institutions dominantes à co-opter ces nouvelles formes d’action. Il est donc nécessaire de poursuivre les recherches sur la manière dont l’art protestataire pourrait construire de nouvelles alliances entre différents mouvements et les aider à formuler des imaginaires qui résonnent véritablement avec les intérêts populaires. « 


Sommaire

  • 2 min 23 : Problématique
  • 6 min 21 : Le déclic pour étudier ce sujet – la réforme des retraites – MC Danse pour le climat
  • 10 min 10 : Depuis quand l’écologie est à l’agenda politique ?
  • 13 min 13 : Définition Artivisme
  • 15 min 32 : L’imaginaire pour protester
  • 19 min 55 : Trois dynamiques – l’art et les nouveaux imaginaires : création, diffusion, création d’un socle commun
  • 23 min 37 : L’art, la protestation, l’Histoire
  • 26 min 44 : De la performance artistique à la proposition stratégique
  • 29 min 51 : S’attaquer à de l’art est-ce de l’artivisme ?
  • 31 min 39 : Le choix de Paris et de Londres – Collectif Minuit 12, Extinction Rebellion et Just Stop Oil à Londres
  • 41 min 35 : Traiter l’écologie dans sa globalité en France et de façon plus spécifique à Londres
  • 47 min 58 : S’assurer que le message passe : rendre l’art intelligible et accessible
  • 51 min 21 : Un art plus efficace qu’un autre pour passer un message ? l’art a-t-il d’autres fonctions ? vers l’intérieur et vers l’extérieur
  • 55 min 40 : Comment trouver le juste équilibre ?
  • 1 h : L’art utilisé parmi d’autres outils / constamment se réinventer
  • 1 h 03 min 50 : Ouverture du sujet
  • 1 h 06 : Bilan de cette première recherche
  • 1 h 08 40 : Le doctorat en Autriche et financement
  • 1 h 16 : Conseils

Extraits

 

 


Ressources complémentaires

  • Bantigny, L. (2023). Arts : Au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau. In Q. Deluermoz, B. Gobille, L. Jeanpierre, E. Palieraki, & L. Bantigny (Éds.), Une histoire globale des révolutions. La Découverte.
  •  Balaud, L., & Chopot, A. (2021). Nous ne sommes pas seuls : Politique des soulèvements terrestres. Le Seuil.
  • Castoriadis, C. (2006). L’institution imaginaire de la société (Nachdr.). Éd. du Seuil.
  • Kellenberger, S. (2008). L’image de la ville dans les interventions d’artistes engagés dans les mouvements sociaux. Culture & Musées, 12(1), 65‑88.
  • Frémeaux, I., & Jordan, J. (2021). We are « nature » defending itself : Entangling art, activism and autonomous zones. Pluto Press.
  • Rancière, J. (2000). Le partage du sensible : Esthétique et politique. Fabrique : Diffusion Les Belles Lettres.
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