Épisode 9 : Alexandre, le Tohoku et la triple catastrophe du 11 mars 2011
Je suis très heureuse d’accueillir aujourd’hui Alexandre Vauvel, pour discuter de son mémoire de Master 1 Affaires Internationales – Parcours Enjeux de la Globalisation intitulé « Dix ans de reconstruction du Tôhoku après la triple catastrophe du 11 mars 2011 : Approche géopolitique et sociologique d’un désastre inédit ».
Alexandre a réalisé ce mémoire sous la direction de Jérémy Jammes et il s’est vu décerné le Prix du Mémoire 2021 de Sciences Po Lyon.
Ce travail sera donc prochainement édité dans la collection Sciences Po Lyon des Éditions Libel.
Résumé
Le 11 mars 2011, à 14h46, le plus puissant séisme de l’Histoire du Japon s’est déclenché au large de la région du Tôhoku. Il aura pour conséquence un tsunami dévastateur qui va couter la vie à plus de 22 000 personnes et détruire un nombre incalculable de bâtiments.
Quelques jours plus tard, une série d’explosions à la centrale de Fukushima Daiichi plonge le Japon dans sa plus grande catastrophe nucléaire depuis les bombardements de Hiroshima et Nagasaki en 1945.
Concentration en Césium – 134 et Césium 137 – 8 ans après
La triple catastrophe, souvent réduite à la seule mention de « Fukushima » par les médias occidentaux, a profondément impacté la société japonaise.
Alexandre, tente, dans son travail, de retracer les dix premières années de la reconstruction de la région du Tôhoku.
De façon méthodique, mon invité à étudié les conséquences sociales des politiques de reconstruction sur la côte du Sanriku, la plus gravement impactée par le tsunami. Puis, il détaille les obstacles relatifs à la reconstruction dans un milieu contaminé à la radioactivité en préfecture de Fukushima. Enfin, il s’attache à décrire le deuil et le processus de reconstruction personnelle des individus, et les méthodes qu’ils emploient face aux obstacles mentionnés.
Dans cet épisode nous parlerons des politiques de reconstruction mises en place et fondées sur l’idéologie de la « résilience » qui ont mené à déplacer la responsabilité de la gestion du désastre sur les populations elles-mêmes.
La préfecture de Fukushima a particulièrement souffert d’une politique « d’ignorance organisée » de la part du gouvernement et des institutions internationales : pour servir un agenda politique et économique, des informations ont été sciemment dissimulées ou falsifiées au regard du danger que représentent les radiations.
Vous le verrez, ces politiques de « résilience » et « d’ignorance organisée » exposent les victimes à un certain nombre de violences structurelles. les populations locales, en retour, s’adaptent, fuient, ou prennent en charge leur propre reconstruction par le biais, par exemple, du recours à la justice.
Bibliographie
Thèse
- Rina KOJIMA, Reconstruire dans l’après-Fukushima : responsabiliser et vulnérabiliser par le risque, Thèse de doctorat en sociologie, Université Paris-Est, École Doctorale Ville, Transports et Territoires, Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés, 2020, 420 pages.
Livres
- Cécile ASANUMA-BRICE, Fukushima dix ans après : Sociologie d’un désastre, Paris, éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 2021, 216 pages.
- Caroline POVER, One Month in Tohoku: An Englishwoman’s memoir on life after the Japanese tsunami, London, Alexandra Press, 2020, 377 pages.
- Jean-François HEIMBURGER, Le Japon face aux catastrophes naturelles : prévention et gestion des risques, London, ISTE Editions, 2018, 204 pages.
- Richard Lloyd PARRY, Les fantômes du tsunami, (titre original : Ghosts Of The Tsunami: Death and Life in Japan’s Disaster Zone) Paris, éditions Payot & Rivages, traduit de l’anglais par REIGNER Pierre, 2018, 315 pages.
- Philippe PELLETIER, Atlas du japon, Après Fukushima, une société fragilisée, Paris, éditions Autrement, collection Atlas/Monde, 2018, 96 pages.
- Thierry RIBAULT, Contre la résilience, à Fukushima et ailleurs, Paris, éditions L’échappée, coll. Pour en finir avec, 2021, 367 pages.
- Arnaud VAULERIN, La désolation : les humains jetables de Fukushima, Paris, éditions Bernard Grasset, 2016, 216 pages.
Articles
- François DEDIEU, Jean-Noël JOUZEL, « Comment ignorer ce que l’on sait ? La domestication des savoirs inconfortables sur les intoxications des agriculteurs par les pesticides », Revue française de sociologie Vol. 56, Janvier 2015, p. 105-133.
- Hugues HENRI, « Catastrophe nucléaire de Fukushima : état des lieux 2019 », 8 mars 2019, 22 pages.
- Yuji NISHIYAMA, « Imaginer la terre abandonnée, prêter l’oreille aux disparus après Fukushima », Rue Descartes N° 88, no 1, 13 septembre 2016, p. 8‑31.
- Toyohiro NOMURA, « Le droit japonais de la responsabilité des dommages nucléaires et son évolution après l’accident de Fukushima », Revue juridique de l’environnement Volume 39, no 4, 2014, p. 629‑639.
- Rémi SCOCCIMARRO, « La reconstruction du Tôhoku (nord-est du Japon) après les catastrophes du 11 mars 2011 », Géoconfluences, octobre 2017,
- Vlado VIVODA, « Japan’s Energy Security Predicament in the Aftermath of the Fukushima Disaster », Journal of Energy Security, 14 décembre 2011,
- Rémi SCOCCIMARRO, « Tsunami de béton : de l’empreinte à l’emprise sur les paysages littoraux après les catastrophes du 11 mars 2011 », Projets de paysage. Revue scientifique sur la conception et l’aménagement de l’espace, no 23 (30 décembre 2020), 25 pages